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L'HISTOIRE NE S'OUBLIE PAS
2014-01-23 00:51
 

      Le 26 décembre 2013, le Premier Ministre japonais Shinzo ABE, faisant fi de la condamnation universelle, est allé se recueillir au sanctuaire Yasukuni qui doit sa triste notoriété au fait que y sont « honorés » les 14 criminels de guerre japonais de classe A condamnés à mort par le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (Tribunal de Tokyo, créé en 1946 pour réprimer les crimes de guerre commis au cours de la Seconde Guerre mondiale). Ces criminels de guerre, des « Nazis » et « Hitler » en Asie, étaient à l'origine des agressions japonaises contre les pays de cette partie du monde au cours de la Seconde Guerre mondiale et auteurs des atrocités et barbaries japonaises contre les peuples de ces derniers. Par son agissement sans scrupule, Shinzo ABE a tenté de redorer le sale blouson de l'histoire de l'agression militariste et de la domination coloniale du Japon, et a lancé un défi extravagant à l'encontre de l'ordre international d'après-guerre fondé sur la victoire de la Guerre antifasciste et la Charte des Nations Unies. En agissant ainsi, Shinzo ABE a foulé au pied la justice historique et la conscience de l'humanité.

      Qu'est-ce que c'est l'histoire ? Selon la définition d'ordre général, l'histoire renferme au moins deux connotations : primo, les événements du passé des être humains ; secundo, le récit et les études de ce passé. Si la première connotation signifie une existence objective, la deuxième porte en soi une conception de l'histoire, les opinions et les attitudes que les générations futures adoptent vis-à-vis des événements du passé. Ces attitudes reflètent dans la réalité leur approche sur le présent et l'avenir.

      Pour les peuples victimes du fléau de la Seconde Guerre mondiale, et en premier lieu ceux des pays asiatiques, cette logique est bien intelligible. Ces criminels de guerre traduits en justice à l'issue de la Seconde Guerre mondiale n'étaient pas pris comme simples individus comme tous les autres êtres humains, mais il s'agissait bien de bourreaux, auteurs de péché. Leurs noms ne sont nullement dissociables de crimes contre l'humanité d'une cruauté extrême, tels que Auschwitz Birkenau ou le massacre de Nankin qui a fait 300 000 morts. Le jugement judiciaire rendu à leur encontre a dépassé de loin l'identification et la définition d'actes criminels isolés, car c'était une stigmatisation claire et nette dans leur âme des fomenteurs de la Guerre et consorts, une action fondée sur l'équité pour propager des germes de la paix.

      En Europe, les cimetières où ont été enterrés les membres de la Waffen-SS et les criminels de guerre nazis sont considérés comme zone interdite pour les hommes politiques. Qui parmi eux voudra ou osera, comme ce qu'a fait Shinzo ABE, y mettre les pieds pour se recueillir devant leurs tombes ? L'apparition même des noms de ces criminels de guerre suscite même des polémiques politiques. En 1985, l'ancien Président américain, M. Ronald REAGAN, en compagnie du Chancelier Helmut KOHL, est allé déposer une gerbe dans un cimetière militaire allemand, qui héberge cependant les tombes de 49 membres de la Waffen-SS. Cette nouvelle, une fois rendue publique par la presse, a soulevé un tollé général de la communauté internationale. Le Premier Ministre britannique Mme Margaret THATCHER s'est même déclarée choquée par ce scandale. Malgré les multiples efforts d'éclaircissement que Ronald REAGAN a engagés plus tard, cet incident reste gravé dans la mémoire du public comme une tache indélébile dans sa carrière politique. à la différence des hommes de la rue, tout propos ou tout acte d'un homme politique est riche de signification symbolique. C'est justement pour cette raison que les pays asiatiques s'opposent résolument à la visite de Shinzo ABE au sanctuaire Yasukuni où sont « honorés » des criminels de guerre japonais.

      Le pardon a ses limites. Chacun peut avoir sa vision et sa conception religieuse sur la vie et la mort. Mais tout homme consciencieux doit se poser toute une série de questions comme suit : les criminels de guerre de catégorie A, une fois disparus, sont-ils devenus des martyrs à vénérer ? Les crimes qu'ils ont commis de leur vivant et leur responsabilité vis-à-vis de la Guerre sont-ils complètement et définitivement rayés d'un trait ? Ces criminels de guerre étant disparus, la limite entre le bien et le mal, celle entre le vrai et le faux n'existeront plus ? Contrairement à toutes les assertions qu'a données M. Shinzo ABE pour se disculper, la présence du Premier ministre japonais au sanctuaire Yasukuni n'a rien à voir avec la commémoration des soldats morts au front. Aux yeux des peuples asiatiques, il s'agit sans nul doute d'un acte pour « honorer » la mémoire du crime des agresseurs. L'apprche des hommes politiques japonais vis-à-vis du sanctuaire Yasukuni est la pierre de touche pour juger de l'honnêteté de l'Etat japonais sur son histoire militariste et impérialiste et déterminer l'attitude des peuples asiatiques à l'égard du Japon d'aujourd'hui. Si cette interrogation ne trouve pas de réponse adéquate, il sera peu probable pour le Japon d'améliorer son image, et il lui sera impossible de rendre les pays asiatiques pleinement confiants que le Japon ne sera plus à l'origine d'une guerre pour une nouvelle fois. Elie Wiesel, l'un des survivants de la Shoah et lauréat du prix Nobel de la paix en 1986, a dit : « Je ne vis pas dans le passé, c'est le passé qui vit en moi ». Il faut que M. Shinao ABE retienne bien à cœur cette phrase.

 

 

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